Le volume 2 de Yasha installe encore les éléments de l’histoire. La série de Akimi Yoshida prend donc son temps pour développer les relations entre les personnages tout en distillant des éléments importants pour la suite des évènements. En vérité, l’histoire à proprement parler commence vraiment au volume 4, quand les enjeux sont enfin définis. Le volume 2 est marqué par la rencontre de Sei et de son frère jumeau Rin, posant une fois de plus des questions quant aux origines mystérieuses de Sei, ce génie recherché de partout. Les personnages, en deux volumes, sont déjà très riches et les relations installées: les jumeaux, les amis de Sei, mais aussi les relations avec les collègues entre les jalousies et rivalités.
Rin, s’il est le portrait craché de Sei, ne lui ressemble en rien. Alors que Sei est déjà doté d’un doctorat de l’Université de Columbia à 18 ans, Rin est un garçon rebelle qui aime traîner dans un bar appelé le Lunacy où il semble être un chef parmi les voyous. Du côté de Rin, on fait donc la connaissance de Takeru, son meilleur ami, si ce n’est plus. Les fans de boys love sont donc aux anges par un duo de beaux mecs aux relations ambiguës (et d’autres duos potentiels tant il y a de mecs dans cette série).
Les mecs rebelles sont très fashion, ce qui fait un peu daté aujourd’hui (les pantalons larges retroussés, les bobs, les t-shirts un peu larges avec certains motifs, la casquette à l’envers, la chemise à carreaux par dessus le t-shirt, le bandana de Sei dans les cheveux, une mode de la fin des années 90 à laquelle j’ai pas mal adhéré dans ma jeunesse, nostalgie totale quoi), alors que Akimi Yoshida n’a pas pour habitude de soigner la garde robe de ses personnages (Lovers’ Kiss et même la séquelle Eve No Nemuri en sont les exemples les plus flagrants, les personnages portant souvent un jeans et des t-shirts à la con, ah ça elle aime les motifs imprimés), Yasha est donc LE manga de bishônen de la mangaka.


L’histoire se déroule toujours aussi lentement, Akimi Yoshida se concentrant surtout sur la relation entre Sei et Rin, tout en développant l’intrigue autour de Sei et ses secrets. Rin semble adopter très vite ce frère, le respecte, et le suit un peu partout comme un toutou, ce qui semble fort déplaire à Toichi, qui ne le sent pas, une pointe de jalousie? Sans doute. De même pour Takeru qui semble ne pas apprécier que Rin fréquente autant ce frère. Takeru et Toichi, les deux meilleurs amis respectifs, ne peuvent pas se blairer non plus, ce qui donne lieu à de jolies piques. Les entourages respectifs de Sei et Rin sont donc très différents, les deux ayant évolué dans des univers aux antipodes l’un de l’autre. Néanmoins, le sang prend le pas et l’un comme l’autre semble heureux de se découvrir un frère.


Akimi Yoshida révèle une partie des secrets entourant les origines de Sei (et ses capacités hors normes), primordiales pour la suite de la série. Résumé avec petits spoilers…
La méfiance est quand même là, malgré tout. En effet, Sei effectue des tests génétiques en prélevant un cheveu de Rin, pour être sûr qu’il s’agit bien de son frère jumeau. Les circonstances de leur rencontre n’en sont pas pour rien. Dans le volume 1, on apprenait que Moichi restait souvent dormir au labo, comme d’autres de son équipe. En effet le labo était régulièrement victime d’infraction, et la sécurité a donc été renforcée. A la fin du volume 1, Sei et ses gardes du corps Ken et Jack suivaient donc des personnes étant entrées par infraction dans le labo. Au début du volume 2, l’un d’eux appelle Sei « Rin », ce qui l’intrigue. C’est en s’enfuyant que tombe de la poche d’un d’eux une boîte d’allumettes du bar Lunacy, où traîne donc Rin. De quoi être intrigué…
Sei est sans cesse sur le qui vive et craint de mettre son entourage en danger. C’est pourtant ce qui arrive lorsque Rin est kidnappé à sa place. Alors que Sei part le secourir, les agresseurs sont plus tard retrouvés morts, la police arrête donc Ken et Jack, les gardes du corps de Sei. Il est désormais seul et se méfie: sûrement un piège pour l’éloigner d’eux. Toichi, lui, se méfie surtout de Rin. Sei finit donc par révéler la vérité à Toichi et Moichi, qu’il a toujours craint de mettre en danger: s’il est à ce point recherché, c’est par sa nature spécial. C’est donc ainsi qu’ils apprennent le décès de Hisako, la mère de Sei, mais aussi que Sei n’est pas un homme comme les autres, mais le résultat d’une expérience génétique obtenue par fécondation artificielle. Hisako n’était donc pas sa mère biologique, mais uniquement une mère porteuse. Surtout, Sei appartient entièrement à la société Neo Genesis.
Il s’avère que c’est un certain Jonathan Smith, chercheur de génie, qui est à l’origine de Sei et Rin. Alors qu’il effectuait des recherches pour guérir la maladie d’Alzheimer, il découvre un agent permettant de développer les neurones, alors que ceux-ci cessent d’évoluer après un certain âge. Neo Genesis se sert de ses recherches pour fabriquer des humains aux capacités hors-normes, soit Sei et Rin, Jonathan Smith se suicide. Takahiko Amamiya, président de la compagnie pharmaceutique Alpha, et Hisako Arisue travaillaient également pour Neo Genesis. Ils ont emmené les embryons au Japon, mais Hisako a décidé de s’enfuir pour élever Sei comme un enfant normal. C’est pourquoi Sei était recherché par Amamiya, qui le considère comme « son » produit, mais aussi par Neo Genesis avec l’armée américaine, lorsqu’il était enfant.

Sei apprend aussi que le professeur Ryan a contracté un cancer, et qu’il est entré à l’hôpital, alors que des hommes de Neo Genesis viennent le rappeler aux Etats-Unis. C’est en pensant à Ryan que Sei décide de se rebeller contre Neo Genesis, afin de redevenir un homme libre. Sei sait se défendre, et ses mouvements sont très rapides, grâce aux leçons de Ken Kurosaki et Jack Mayer. Notons que Akimi Yoshida est toujours aussi efficace pour représenter les scènes d’action! Personnellement, j’adore son panache et sa mise en scène, le tout avec des dessins très simples mais toujours au service de son histoire. Une mangaka géniale…