Tout est parti d’une chaîne Facebook, comme l’explique Herbv sur son blog. La chaîne disait donc ceci: « Sans ordre particulier, les dix mangas qui m’ont le plus marqué. Postez la couverture de l’album, pas d’explications et faites suivre à une personne et ainsi de suite… », ce qui m’a plus ou moins donné à réfléchir pour la sélection mais aussi sur l’impact que certains ont eu sur mes goûts d’aujourd’hui. Il est vrai que j’aime beaucoup de manga, après 20 ans passée à en lire (plus de la moitié de ma vie).
Ainsi, j’ai fini par copier Herbv qui a décidé d’écrire sur le choix de sa sélection, apportant donc l’explication qui manquait sur Facebook (partie 1 et partie 2). Pour ma part, j’ai plutôt utilisé Twitter, et comme je ne suis pas du tout influente, peu de personnes ont suivi le mouvement! Dire que j’ai choisi avec grand soin chaque personne taguée, en fonction du manga…
Je précise que ceci ne constitue pas un « top », ni une liste de mes manga préférés, mais bien 10 manga qui m’ont marqué et qui ont changé quelque chose, durablement, dans ma « carrière » de lectrice. Certains manga ne sont aujourd’hui plus mes préférés. J’établis ici de mémoire une liste chronologique (mais pour certains titres, comme les 3/4, puis les 6/7/8, ma mémoire fait clairement défaut car les périodes étaient trop proches ou je les ai longtemps connus mais ils ne m’ont marquée que des années plus tard!).
Attention car à partir d’ici, je vais vous raconter toute ma vie (vous êtes prévenu-e-s)! Car ma vie, ce sont toutes mes lectures (certain-e-s trouveront ça triste je sais, je suis un peu comme Norito dans RiN). Le manga dans son ensemble a été un véritable bouleversement: j’ai toujours été une sorte de handicapée sociale et je suis convaincue que sans lui, je le serais peut-être restée. Mon parcours de lectrice est surtout influencé par tous les emprunts que j’ai faits à des amis ou à la bibliothèque. J’ai surtout fini par m’offrir de nombreuses séries déjà lues quand j’ai enfin eu du pouvoir d’achat.
Manga 1/10: Dragon Ball de Akira Toriyama (années 90)
Pur produit de mon époque, je ne brille pas par mon originalité: Dragon Ball volume 1 est le premier manga que j’ai lu. A cette époque, j’étais surtout friande de dessins animés américains (Warner Bros et Disney). Quand mon frère et moi avons eu une MegaDrive, nous avons fréquenté d’autres joueurs (les jeux coûtaient une fortune!) et j’empruntais aux autres des magazines comme Player One. Nos copains étaient obnubilés par DBZ et c’est un peu pour suivre les conversations devant la console que j’ai fini par m’y mettre aussi. J’ai évidemment adhéré au club (mon frère aussi, mais peut-être plus moi), achetant aussi des cartes, des figurines (à Hong Kong), regardant les épisodes en cantonais (grâce à mon oncle). Quand on m’a prêté Dragon Ball volume 1: San Goku, j’ai eu un choc. J’ai pris mes distances avec le dessin animé (les dessins étaient trop moches), j’ai arrêté les cartes (sauf la collection reprenant les illustrations du manga). J’ai développé une obsession pour Toriyama (demandant à mes copains de me prêter des numéros de Console+ où on parlait de lui, notamment via Dragon Quest, avec un super dossier où Go Go Ackman était évoqué). Et surtout, je suis entrée dans le manga pour ne plus jamais en ressortir! En revanche, je n’en achetais pas. Mon côté girouette fait que j’ai eu plusieurs fois Dragon Ball: j’ai essayé de faire l’édition à rabat de Glénat sans succès, puis j’ai eu les coffrets au complet (mais je trouvais l’impression vraiment horrible), édition revendue pour m’offrir l’édition Perfect dont j’ai 16 volumes risquant eux aussi de passer à la revente. En fait, j’ai sans doute trop lu ce manga et un titre aussi culte se trouvera toujours.
Manga 2/10: Dr Slump de Akira Toriyama (années 90)
A l’époque où j’ai lu Dragon Ball, un souvenir lointain m’est venu en tête, probablement un dessin animé vu à Hong Kong quand j’étais très petite (en vacances évidemment, ce sont surtout des dessins animés japonais qui inondent les chaînes là-bas). Je me souvenais d’une petite fille aux cheveux violets avec un graphisme proche de Dragon Ball. Je l’ai enfin revue, mais uniquement dans le volume 8 de Dragon Ball! Par la suite, j’ai découvert Dr Slump dans un rayon de Carrefour: elle avait donc bien sa propre série! Pendant que mes parents faisaient les courses, j’ai boulotté la moitié du volume 1: c’était hilarant, j’avais beaucoup de mal à le lâcher. Mais je ne pouvais l’acheter (35F?), trop cher. J’ai fini par avoir un peu plus de liberté de mouvement vers mes 14 ans et lors d’un moment de ces moments, j’ai acheté, en cachette, le volume 8 de Dr Slump (je me sentais très coupable, car je savais que ça coûtait très cher). Ce fut donc mon premier manga et c’est aussi le premier manga que j’ai eu envie d’avoir à moi. Le premier d’une longue série… Dr Slump est donc un manga marquant pour cela. Aujourd’hui, je n’ai plus ce volume. Et je n’ai plus Dr Slump non plus (ni de place!).
Manga 3/10: RG Veda de Clamp (1997/1998?)
J’ai fréquenté un lycée d’une ville voisine, dans laquelle je ne connaissais personne. Il s’est avéré que ma voisine de classe était une fan de manga et de jeux vidéo aussi. Elle m’avait remarqué par un porte-clé Keroppi (la grenouille de Sanrio). Je suis restée très longtemps dans le monde de l’enfance pour ce qui est de mes goûts graphiques: j’adorais les traits ronds comme mon idole Toriyama (mais comment faisait-il pour dessiner aussi bien!!!!), mais j’aimais beaucoup les dessins animés comme Doraemon, Obakeno Q-Taro (des stars à Hong Kong), Wedding Peach, Osomatsu-kun, Chibi Maruko-chan, Mahoujin Guru Guru, mais surtout Crayon Shin Chan. Puis cette copine de lycée m’a prêté son manga culte: RG Veda (tandis que je lui prêtais mes 3 volumes de Dr Slump). Le volume 2 fut un choc pour moi: je n’avais jamais rien lu de tel! Le dessin très fin et hyper élégant, l’aura de mystère perpétuelle, la magie, le côté ésotérique (je ne connaissais même pas ce mot!), le personnage d’Ashura imprévisible, la cruauté, le fait de puiser ainsi dans des textes indiens. C’était une vraie baffe par rapport à mon univers enfantin… Grâce à Tonkam chez qui les ruptures de stock étaient monnaie courante, mon amie n’avait pas tous les volumes mais j’ai tout de même lu (avec des trous) jusqu’au volume 9: encore un autre choc avec des révélations monstres. Je pense que même aujourd’hui, il m’est difficile de lire un shôjo fantastique sans penser à RG Veda. Je pense aussi que RG Veda est responsable de mon goût pour le fantastique dans les shôjo, et que quelque part, même mon goût pour Princesse Kaguya, Le cortège des cent démons ou Onmyôji est très fortement lié à RG Veda. J’ai toujours RG Veda dans ma bibliothèque, et je le garde précieusement, depuis que Tonkam a réimprimé TOUS les volumes au milieu des années 2000 (autour de 2004 de mémoire, pas l’édition deluxe).
Manga 4/10: Gunnm de Yukito Kishiro (1997/1998)
Gunnm m’a été prêté au même moment que RG Veda, et les deux sont donc très liés. Si mon amie de lycée me prêtait RG Veda, son petit ami de l’époque, lui aussi fan de manga (et un peu plus âgé que nous) me prêtait Gunnm. Grâce à ce couple d’amis, j’ai découvert Manga Player, Animeland, Akira, Lodoss, Tokyo Babylon, Video Girl Ai, Slayers. Disons que pour la première fois de ma vie, j’ai rencontré un groupe de fans de manga, d’anime et de jeux vidéo, vraiment à fond dans leur passion et ayant en plus du pouvoir d’achat. J’avoue que je ne connaissais pas grand chose à part Toriyama et Ninkû (oui, j’ai acheté ce manga!). Parmi tous ces manga, c’est surtout Gunnm qui m’a marquée, autant que RG Veda. Comme je l’expliquais au-dessus, j’étais surtout dans un univers enfantin et quand j’ai lu Gunnm, c’était un choc. Je n’avais pas du tout aimé Akira (en couleurs) ni Ghost in the shell, je pensais ne pas du tout aimer la SF à une époque. Mais j’ai accroché à Gunnm et pourtant: le dessin était adulte (un frein), c’était très violent (autre frein), c’était de la SF (encore un autre frein), il y avait des détraqués (autre frein). Et pourtant, impossible de décrocher, j’ai dû lire les volumes parus (la fin n’était pas sortie) à une vitesse record. Il y avait une histoire mystérieuse sur la mémoire perdue de Gally, beaucoup de poésie, de la tristesse (chose étrangère dans ce que j’aimais d’ordinaire), un côté sombre où la vie ne tient qu’à un fil. Puis surtout, j’avais ce sentiment qu’il y avait de la profondeur dans cette histoire. L’influence de Gunnm n’est pas aussi prégnante dans mes goûts présents, mais ça reste un grand jalon dans ma découverte des manga, et c’est ce titre qui m’a permis d’oser fouiller les bacs BD adultes de la bibliothèque (je lisais surtout Astérix, Gaston, Tintin, etc…). Aujourd’hui, j’ai bien Gunnm dans ma bibliothèque, l’édition grand format en coffret (puis le volume 9 en poche car Gunnm Last Order n’a jamais existé) offert par des amis vers 2004-2005 (encore un gros merci, mais ils ne verront sans doute jamais ce post). Avant, je ne l’avais jamais eu à moi.
Manga 5/10: Hôshin – L’investiture des dieux de Ryû Fujisaki (2001)
Pendant mes années lycée, j’ai découvert Hôshin Engi par l’un des seuls numéros d’Animeland que j’ai achetés dans ma vie. Un article assez court (?) parlait de Hôshin Engi, manga inspiré d’un roman chinois, ce qui a tout de suite fait écho en moi en plus du graphisme hyper moderne et Sibuxiang: j’adorais les mascottes à cette époque. Hôshin fut le premier manga dont j’espérais un jour la sortie en français pour pouvoir le lire un jour futur (chose maintenant beaucoup plus habituelle chez moi maintenant…). Le premier manga tant attendu, et qui ne sortait pas. Je passais même chez Tonkam afin d’admirer la couverture du volume 5 japonais en vitrine, pour demander quand il sortirait en France. Apparemment, le sujet était trop compliqué, trop dur à traduire, ça ne sortirait jamais ici. A cause de ce manga qui m’intriguait, j’ai fini par m’inscrire à une newsletter sur la série mais je n’y comprenais rien (je me connectais en bibliothèque, il n’y avait pas Internet à la maison pour tou-te-s!!!). Malheureusement, je n’ai jamais pu participer aux projections d’anime (avec des inconnus tout droit sortis d’Internet!). Puis un jour, dans la newsletter, on parlait d’une sortie future du titre (j’étais alors étudiante). Je me souviens avoir acheté le volume 1 dés sa sortie, l’avoir lu, relu, dévoré, prêté aux gens que je connaissais (dans une école d’électronique, il y a d’autres otaku!!!). J’ai même fini par pousser le bouchon jusqu’à m’inscrire sur un forum pour pouvoir en parler et échanger avec d’autres (la newsletter, je n’y pigeais rien!), même si des camarades d’école m’y poussaient déjà. Disons que Hôshin est en plus le point de départ de ma rencontre avec beaucoup de personnes que je fréquente encore aujourd’hui. J’ai régulièrement relu le titre, même si ma dernière relecture remonte à 2010 (le chômage m’a aidée). Évidemment, j’ai toujours la collection chez moi. C’est même l’une des rares séries dont j’ai acheté tous les volumes neufs (un exploit chez moi). Le volume 5 est sans doute le manga le plus vieux de ma collection (en français) vu que j’ai racheté les 4 premiers suite à l’apparition de la jaquette chez Glénat (un temps que certain-e-s n’ont pas connu, mais que je trouvais ça moche, surtout sur Kenshin!).
Manga 6/10: Banana Fish de Akimi Yoshida (2005-2007?)
En tant que fan de manga ayant commencé dans les années 90, j’ai eu l’habitude de lire de tout sans trop choisir (via la bibliothèque ou les amis). Avec le peu qui sortait, on s’en fichait des étiquettes shônen/shôjo/seinen et que sais-je… Dans les années 2000, j’ai découvert la lecture en Fnac: je lisais beaucoup de manga qui sortaient. Ainsi, j’ai découvert Monster et 20th Century Boys, puis un autre titre que je pensais faire partie de la fameuse catégorie seinen (sur toutes les lèvres aujourd’hui…): Banana Fish. Un manga qui ne passait pas inaperçu avec ses pages jaunes (qui étaient même un argument de vente de Panini!). Un manga pas toujours évident à lire en Fnac, car je le trouvais plutôt dense. Un manga plein de suspense, qui m’intéressait parfois plus que Urasawa. Avant le volume 10, je suis partie en alternance en Belgique, me coupant de la Fnac (j’étais chez les Flamands) et de toutes les séries que j’y suivais. Ce ne fut que plus tard, avec la rencontre d’une certaine Shermane, grande fan de ce manga, que j’ai acheté la totalité, contaminée par son enthousiasme (à cette époque, j’avais un peu d’argent: j’étais en alternance!). Même si je lisais de tout, je n’achetais que des hits avec un dessin bien chiadé, calibré: j’ai par exemple acheté Naruto dont je n’aimais pas spécialement l’histoire! Je suivais les modes, je pensais que tel ou tel titre deviendrait culte, ou qu’il l’était, par son dessin, son histoire, etc… Puis petit à petit, j’ai fini par creuser mon propre goût sans tenir compte des modes ou de ce qui allait devenir culte, achetant ce que j’aimais vraiment. Banana Fish est sans doute un des points de départ de ce comportement. Aujourd’hui, c’est même le contraire: finalement, les titres hyper cultes ne vont pas se raréfier et seront toujours disponibles en bibliothèque, tandis que des titres plus confidentiels deviendront probablement rares et difficiles à relire. C’est avec de nombreuses années que j’ai compris les qualités de Banana Fish, et que j’ai développé une obsession pour les œuvres de Akimi Yoshida (surtout la simplicité de son dessin, sa sobriété, son austérité rare dans le monde du shôjo). Alors que je n’avais plus vu un seul idéogramme depuis des années, j’ai acheté des manga en chinois pour pouvoir lire Yasha par manque de Banana Fish (de fil en aiguille, j’ai acheté TOUT ce qui était disponible en chinois, en galérant, pour l’achat comme la lecture)… Je considère même que Akimi Yoshida est un point de départ dans mon intérêt pour les shôjo mangaka vintage, notamment une certaine Moto Hagio. Évidemment, Banana Fish se trouve encore chez moi (placé à côté de Shôwa genroku rakugo shinjû en chinois, car ils ont le même format et vont bien ensemble)!
Manga 7/10: Basara de Yumi Tamura (2005-2007?)
Basara est un manga dont j’ai entendu parler pour la première fois dans Mangavoraces (vous savez, ce petit mag de quelques pages en noir et blanc qui parlait de manga? il était gratuit!!!). En parallèle d’une chronique de Kenshin, il y avait la chronique d’un volume de Basara, sans doute dans les derniers. Ça avait l’air culte, mais je trouvais surtout le dessin très laid. En 2001, Basara est sorti. Comme ce n’était pas un Tonkam, il était disponible en Fnac. J’ai lu le volume 1, mais je n’avais jamais lu le volume 2. J’ai relu le volume 1 plus tard, en bibliothèque, mais le volume 2 était absent (le reste était pourtant bien là, sûrement un vol comme d’habitude…). Lorsque j’ai connu Shermane (encore!), par forum puis blog interposé, son enthousiasme (virtuel) au sujet de Basara a réveillé mon envie de dépasser le volume 1. C’est grâce à elle que j’ai pu tout lire, car j’ai fait une descente chez elle pour qu’elle me prête la série entière, à mon retour en France. Série évidemment dévorée en un temps record. Basara et Banana Fish sont deux titres très importants dans l’évolution de mes goûts et l’affirmation de ceux-ci. Je dirais que si aujourd’hui je lis surtout des femmes mangaka, c’est grâce à ces deux-là (Princesse Kaguya et Le Cortège des cent démons en font aussi partie). Ceci dit, je n’ai pas immédiatement acheté Basara, mais à force de le croiser d’occasion un peu partout, j’ai fini par les acheter afin d’avoir mes exemplaires (ou leur offrir un foyer, ces orphelins me faisaient de la peine). Finalement, je ne le regrette pas et je les ai évidemment toujours. Basara est pour moi LE shôjo d’aventure par excellence. Aujourd’hui, il m’est difficile de lire un shôjo d’aventure sans le comparer à Basara, à tel point que certains titres pourtant considérés comme très bons peuvent me paraître fades (oui, je parle de La Fleur millénaire). Basara est probablement le manga le plus épique que j’ai pu lire, avec un personnage féminin du tonnerre, une histoire d’amour un peu cliché (ces histoires d’identités secrète haha) et pourtant super réussie, avec un tas de personnages quasiment tous importants. Et sinon, le dessin? Je ne le trouve plus du tout laid!!!
Manga 8/10: Ping Pong de Taiyou Matsumoto (2005-2007?)
Taiyou Matsumoto m’a longtemps intrigué avec son Amer Béton chez Tonkam. D’autant plus que Mangavoraces avait trouvé des mots qui me parlaient (j’aimais beaucoup le rap pendant le lycée): violence, banlieue, sans parler d’un dessin un peu « street ». Il faut dire que dés cette époque, l’équipe de Tonkam (en fait Dominique Véret) savait déjà faire du lien entre le catalogue et la société, un peu comme Akata aujourd’hui. De mémoire, Amer Béton coûtait 55F: une fortune. N’ayant personne le possédant dans mon entourage, je ne l’ai donc pas lu. En Fnac, je ne l’avais jamais croisé. Surtout qu’en plus, en boutiques manga, j’entendais parfois des personnes dire que ce n’était « pas un manga ». Je crois que c’est cette phrase qui a enterré cette curiosité. Les années passant, j’ai pu lire Frères du Japon grâce à un copain de forum. J’ai trouvé ça génial, mais Amer Béton était devenu bien rare quand j’ai eu plus de pouvoir d’achat. Sur le Forum de Mangaverse, j’entendais aussi parler de Ping Pong, chez Delcourt x Akata (avec une équipe menée par un certain… Dominique Véret, forcément). J’étais en Belgique ou en Allemagne, et j’attendais la période de cours (j’étais en alternance 6 mois/6 mois) pour être en France et tenter la série. En plus de cela, Shermane adorait Ping Pong et son enthousiasme (virtuel) m’a vite contaminée. Et puis, avec Ping Pong, j’étais sur un terrain connu: le manga de sport (comme I’LL). J’ai évidemment plus qu’apprécié Ping Pong, regrettant de ne pas avoir investi plus tôt dans Taiyou Matsumoto car mon intuition était la bonne! J’ai fini par acquérir tous ses manga disponibles en français, en continuant aujourd’hui (avec du retard, forcément). Dans mon parcours, j’ai même acquis Hanaotoko et Zero en chinois car ils ne sortaient toujours pas! Aujourd’hui, Ping Pong trône toujours dans ma bibliothèque, pas loin de Onmyôji (un cousin Delcourt x Akata). Depuis, Matsumoto s’est enfin institutionnalisé, à mon plus grand plaisir!
Manga 9/10: All My Darling Daughters de Fumi Yoshinaga (2006)
J’ai longtemps bataillé pour cette neuvième place: j’hésitais avec Blue de Kirko Nananan. En vrai, la lecture de Blue m’a plus marquée que All My Darling Daughters. Mais l’effet de All My Darling Daughters a été plus déterminant pour moi: c’est avec ce one-shot avec une couverture toute sobre que j’ai fini par découvrir l’une de mes mangaka préférées, et surtout l’une de mes séries préférées en cours: Le pavillon des hommes. Encore une fois, à une époque où j’empruntais un peu à tous les râteliers et où j’achetais très peu de séries, j’ai squatté ce one-shot à Shermane (la pauvre…) lors de ma période des cours. J’ai immédiatement accroché à All My Darling Daughters. C’était aussi la première fois que je lisais des histoires courtes ayant un lien les unes aux autres. Surtout, il y avait cette manière tellement fine de Yoshinaga pour décrypter la psychologie des personnages, le tout sans artifice, avec un graphisme sobre mais surtout très élégant du plus bel effet. A cette époque, de nombreux josei (le terme était à la mode!!!) sortaient en France. Mais celui-là, je me disais, était d’un autre niveau. Dans ce recueil, l’histoire avec la femme dont la vie est influencée par l’idéologie de l’égalité m’a fascinée. Depuis, ce volume trône fièrement dans ma bibliothèque, mais toute une flopée de titres de Yoshinaga lui tiennent compagnie (en anglais surtout, un peu en chinois et évidemment en français). C’est vraiment rétrospectivement que j’ai découvert l’importance de ce manga dans ma vie de lectrice. Yoshinaga fait partie de ma « sainte » trinité aux côtés de Akimi Yoshida et Moto Hagio!
Manga 10/10: A Drunken Dream and Other Stories de Moto Hagio (2012)
J’ai souvent crié mon amour pour Moto Hagio, surtout sur Twitter, mais ma découverte de cette grande mangaka est en fait très tardive! Je connaissais évidemment son nom, grâce au Forum Mangaverse, surtout par les érudites fans de BL et de shôjo vintage. Je lisais parfois des articles dans lesquels Riyoko Ikeda était décrite comme une membre du Groupe de l’An 24, et c’est ainsi que pendant de longues années, j’ai cru que Moto Hagio (mais aussi Keiko Takemiya) avait un dessin identique à celui de Riyoko Ikeda. J’avais déjà lu La Rose de Versailles que j’avais pourtant beaucoup aimé (en bibliothèque, pour combler un vide culturel: jamais vu Lady Oscar, une honte pour une enfant des années 80). Finalement, en 2010, A Drunken Dream and Other Stories sort chez Fantagraphics. Les retours sont extrêmement positifs sur la blogosphère américaine, sur le Forum Mangaverse mais aussi le Forum Mata-Web. J’attendais surtout qu’un certain Herbv me le prête, puis j’ai fini par croiser un volume soldé de moitié chez Album, sûrement en été 2011. Il a fallu que le Centre Pompidou fasse venir Moto Hagio à travers son événement Planète Manga pour que je finisse par lire mon recueil qui reposait depuis des mois. Et là, choc total: le graphisme n’est pas du tout le même que celui de Riyoko Ikeda! Les histoires ne jouent pas non plus sur la passion ni le côté tourbillon (que j’aime beaucoup hein!), mais sont plus calmes, intérieures, posées et même matures. Sans parler du graphisme très maîtrisé, élégant, magnifique, parlant à l’inconscient (je n’ai jamais trop su comment le dire autrement), et sur certaines histoires, j’étais étonnée de la date de sortie tellement je trouvais le dessin « moderne ». Bref, j’étais charmée. Mais le clou fut enfoncé lors de la conférence sur Moto Hagio (en sa présence) lors de Planète Manga: je découvre ses titres de SF, en particulier Marginal et Gin No Sankaku (Le triangle d’argent) qui m’ont impressionnée (années 80, je n’en croyais pas mes yeux), mais aussi Zankoku na kami ga shihai suru par son thème particulièrement difficile (et des dessins expressionnistes!!!). Je n’arrêtais pas de relire l’interview donnée par Rachel Matt Thorn parue dans The Comics Journal et disponible (en partie?) dans A Drunken Dream and Other Stories. N’en pouvant plus, j’ai fini par acquérir de nombreux titres de Moto Hagio en chinois après avoir écumé ceux en anglais, devenant une Motomaniaque Hagiologue. Moto Hagio est très vite devenue une de mes mangaka préférées, formant une trinité aux côtés de Akimi Yoshida et Fumi Yoshinaga. Enfin, Moto Hagio est aussi responsable de ma découverte de la SF à l’âge adulte, et plus particulièrement des auteures comme Ursula K. Le Guin (La main gauche de la nuit) ou encore Margaret Atwood (La servante écarlate). J’ai donc envie de dire à Moto Hagio que OUI elle a réussi à faire découvrir la SF à des personnes à travers son œuvre (cf son mot d’introduction en anglais dans son dernier artbook consacré à ses œuvres SF). Grâce à elle, j’ai même envie de boucler (un jour) Fondation, lire Les Robots, et surtout Chroniques martiennes. Par Moto Hagio, j’ai aussi fini par devenir (du moins dans ma tête, je ne sais pas pour les faits) militante pour une meilleure reconnaissance des mangaka femmes (et plus particulièrement les mangaka shôjo/josei) dans ce que j’appelle l’intelligentsia du manga voire de la bande dessinée. Je déplore vraiment le manque de reconnaissance qu’elle subit ici, ainsi que le manque de traductions. Moto Hagio m’influence même dans mes achats manga: c’est parce qu’elle les a cités que j’ai fini par vouloir acheter Nodame Cantabile (même si d’autres raisons plus personnelles m’y ont poussée ensuite) ainsi que Princess Jellyfish. Elle a aussi cité The Top Secret et Le Pavillon des hommes, mais je les avais déjà!
Merci d’être resté-e vivant-e devant ce billet!
Un très beau top 10, avec d’excellents titres et surtout parfaitement expliqués, bien mieux que ce que j’ai su faire 🙂
Bravo !
Par contre, je n’imaginais pas l’importance de Shermane dans ton parcours de lectrice 🙂
Sur le coup, moi non plus O_O mais en cherchant dans les souvenirs… Sans Shermane, je n’aurais sûrement pas repris Banana Fish car j’avais vraiment lâché toutes mes lectures Fnac (dont 20th Century Boys, fin jamais lue :D). J’aurais sans doute continué à tout boulotté en Fnac aussi ^^ . Shermane, et puis le forum Mangaverse, dont je ne parle pas assez finalement 😮 . Les excellents avis sur le forum me faisaient trop envie (mais j’étais loin), et Shermane, elle, avait parfois les manga conseillés. Alors comme j’étais une radine ^^; … haha 😀 ça fait quand même un peu de bien d’avoir du pouvoir d’achat ^^ . Peut-être que sans toutes ces rencontres humaines, je n’aurais pas percé dans le manga. Si j’avais continué la voie du Jump (surtout post-Hôshin, j’aime toujours One Piece ceci dit), j’aurais sûrement laissé tomber.
Ceux qui auraient pu figurer: Nana, I’LL,Tango, Blue, Simple comme l’amour.
Ah, vous me donnez envie de déterrer mon blog et de vous imiter. Ma soirée a été délicieusement ruinée par la lecture de vos billets sur vos blogs respectifs. Pour avoir débuté l’effort de réflexion, l’exercice permet vraiment de dresser des portraits plutôt bien ciselés et de se trouver des jalons parfois surprenants.
Bref, j’ai passé un très bon moment en votre compagnie. 🙂
Ravie de l’apprendre! Je ne pensais vraiment pas que ce billet interesserait une personne qui ne me connait pas 😀 ! si tu ecris le tien previens moi. J’ai lu les post du Forum Mangaverse sur ce sujet avec passion!!!
Je te connais bien un peu, puisque je suis ce blog depuis sa création. 🙂
Et puis à force de lire des articles, des interviews, ou de cliquer sur les liens des pseudos qu’on voit en commentaires ici et là, on finit par « connaître » pas mal de monde dans la sphère manga.
J’ai fini par écrire, sans trop m’étendre, sur mes dix mangas. Je suis allé fureter sur le forum de mangaverse aussi, et les sélections des membres m’ont bien plu. Même celles d’illustres inconnus. :p
C’est vrai que l’on se connaît par blog interposés du coup. Et justement, je me demandais si ça intéresserait une personne me connaissant par ce biais, ne m’ayant jamais rencontrée 😉 . J’ai effectivement lu ta liste de manga marquants, et contrairement à ce que dit Sushi sur le forum, chacun-e a bien sa liste. Il y a effectivement un effet générationnel comme Dragon Ball ou Gunnm pour les lecteurs et lectrices des années 90, mais pour le reste…
Et moi, j’ai passé un bon moment à lire ton top. Merci pour ton travail, tu as participé à la lutte contre les chaînes 2.0 toutes bêtes ! 🙂
oui une bataille perdue d’avance xD !!!!
Qu’importe le dénouement, c’est la lutte elle-même qui compte !
(réémerge après des mois d’inactivité bloguesque)
Bah… de rien de rien, c’est fait pour ça, les collections 🙂 Bien contente d’avoir un peu de pouvoir d’achat, les BD restent mon premier poste de dépense aussi (bon, derrière, la baraque et les impôts, certes).
Je reviendrai commenter, encore en train de rattraper en diagonale mes flux RSS en retard, les piles existent même pour le RSS !
Du coup, je me dois de rendre hommage à Morgan pour Banana Fish et Basara (et sûrement plein d’autres choses), même et surtout si elle n’en a lu que les premiers volumes !
Pour Ping Pong, tu es sûre ? Moi, le sport ? Le fait est que je l’aime beaucoup, hein, ce titre, mais ça m’étonne. Bon, quand j’aurai trop de temps devant moi, j’irai farfouiller dans les archives de mes différents blogs, pour reconstituer tous nos parcours ^_^
Morgan qui ne finit pas souvent ses séries oui!!!
Pour Ping Pong, oui, tu étais enthousiaste ^^ mais tu ne les avais pas car c’était br qui te les prêtait. Alors j’ai fini par acheter les miens.
En tout cas, merci car j’ai beaucoup squatté dans ta collection durant la décennie précédente!! Si j’avais continué dans la voie du Jump et des blockbusters, je me serais sûrement lassée. Je commençais à me lasser vers 2003-2004 de mes lectures de Fnac.
Moi aussi, premier poste de dépense dans les manga APRES ce qui est frais non compressibles qui permettent de vivre ^^; (et donc de lire :p).
très intéressant ce billet, voir comment c’est construit ton parcours de lectrice.
Je ne connais vraiment qu’un titre : Banana Fish et je me demande si ce n’est pas toi qui me l’avais conseillé à l’époque. J’ai vraiment accroché à la série, je trouve qu’il y a une très bonne tension tout au long des nombreux tomes, on ne se lasse pas.
J’ai tenté Basara aussi, après qu’on m’en ai dit le plus grand bien mais j’ai toujours pas dépassé le cap du tome 1 (ou 2 je sais plus) j’ai finalement pas accroché, mélodramatique à souhait mais pas très original dans ses ficelles narratives.
En revanche je ne suis jamais passé par la case DrangonBall, j’étais déjà trop vieille quand j’ai découvert le manga.
Bon, voilà, à cause de toi je vais encore dépenser des sous ! J’ai très envie de découvrir Hoshin et All My Darling Daughters
Ca me fait plaisir que l’article t’ait plu! Je me dis aussi que ça vaut peut-être le coup de parler de manga plus anciens (il y a plus de dix ans) tout compte fait, ça peut donner à des personnes l’envie d’en lire ^^ . C’est vrai qu’on aime tellement la nouveauté aujourd’hui!
Alors pour Basara, je me demande si il n’y a pas le cap du volume 2 à passer. Mais en matière d’aventure, c’est le manga le plus épique que j’ai pu lire. Le cast des personnages est en plus très varié. Et côté personnage féminin, même aujourd’hui, je n’ai pas dû relire de shôjo avec une héroïne aussi géniale.
Pour ce qui est de Hôshin je me demande si cela te plaira. En tout cas, j’ai toujours eu un faible quand on parle d’inspirations chinoises dans les manga ^__^ . J’espère qu’il te plaira. On le trouve dans toutes les bibliothèques je pense.
Quant à All My Darling Daughters, il se trouve sans peine d’occasion et n’a pris aucune valeur. Alors go, oui!!!! Du josei (bon je sais que le terme fait débat…) mature, adulte, avec des personnages géniaux, leurs discussions, et puis le dessin de Yoshinaga que j’aime tellement…