bandes dessinées

Rosalie Blum #3: Au hasard Balthazar!

Après Vincent, après Aude, voici enfin en couverture Rosalie Blum, le personnage éponyme de cette série. Suite et fin des aventures de nos joyeux lurons. J’ai déjà écrit sur les précédents opus ici et , si cela intéresse quelqu’un. Camille Jourdy revient donc sur Vincent Machot, notre coiffeur préféré, après l’avoir laissé en plan dans le volume 2. Celui-ci croit devenir fou: depuis qu’il a cessé de suivre Rosalie Blum partout parce qu’il s’en veut, parce que c’est pas bien (c’est le truc le plus fou qu’il ait fait dans sa vie, youhou!!!), il la croise à chaque coin de rue! Le hasard (Balthazar)? Que nenni, car Aude et Rosalie ont décidé de jouer à l’arroseur arrosé, et de le faire tourner un peu en bourrique, tout en ayant le désir de se rapprocher de Vincent et le connaître un peu mieux. Quant au Kolocataire, il ne renonce toujours pas à ses rêves de spectacles de cirque, donnant même lieu à de nouvelles acquisitions animales, en plus d’une chèvre qui se balade déjà dans l’appartement, de manière tout à fait normale (sinon, oui, c’est toujours le capharnaüm dans l’appartement d’Aude et du Kolocataire).

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Cet opus est moins original et dénué de suspense car on se doute bien de la fin. Néanmoins, Camille Jourdy se montre toujours aussi talentueuse pour croquer le petit monde gravitant autour de Rosalie Blum. L’aspect banal de tout ceci ne fait aucunement tâche, pas d’effusion d’émotions, pas de pathos à outrance, les évènements et les rencontres se font de manière tout à fait naturelle, avec les gênes et timidités du début. Les personnages commencent à se rapprocher à tâtons, et les délires ne sont jamais bien loin, grâce notamment au Kolocataire qui réserve par ailleurs une partie de pêche au croco comme j’en ai rarement vues.

Depuis le volume 1, je n’ai jamais évoqué les rêves de Vincent mettant en scène sa maman et Rosalie Blum comme vecteur d’émancipation de sa condition de bon fils trop gentil pris en otage. Dans cet opus, un de ces rêves récurrents prend une tournure humouristique mais en même temps assez trash, avec la mère sous une cloche et puis une histoire de vagin. Dans une société où l’égalité des sexes et la peur de l’autre est encore là, surtout la peur vaginale, on entrevoit ici que l’auteure est bel et bien une femme.

Dans cet opus, je retiens aussi ce délicieux dialogue entre Vincent et sa mère devant une émission de télévision type Delarue au sujet du femeux complexe d’Oedipe. La réaction de la mère est extrêmement drôle et celle de Vincent pleine d’ironie. La mère de Vincent est par ailleurs un personnage extrêmement jaloux ne supportant aucune des conquêtes de son fils. On la voit souvent s’inventer une vie au moyen de ses figurines, et on se souvient de cette scène dans laquelle elle imagine Vincent handicapé et totalement dépendant d’elle. Dans ce volume, on la voit à la fenêtre, surveillant son fils qui discute avec une personne du sexe opposé, cette posture, cette expression, en disent long sur la vieille femme.

Le fameux appartement
Le fameux appartement

Quant à Rosalie, sa relation avec Aude s’approfondit. Les deux femmes s’entendent et se comprennent bien, surtout au sujet de la famille. Toutes deux sont vues comme des éléments perturbateurs d’une famille bourge et parfaite, et toutes deux étaient jusque là seules, chacune dans son coin. Elles n’avaient pas pensé, jusque là, à renouer, comme quoi on ne connaît pas forcément si bien sa propre famille. J’aime beaucoup cet élément de la série, cette relation qui se noue petit à petit, on passe de Aude la nièce inconnue à qui Rosalie demande un service bizarre, à celle d’une amie jusque là insoupçonnée. Le secret de Rosalie est gardé jusqu’à la fin, même si on y fait vaguement allusion tout au long du volume.

Cette série est une ode à une forme de simplicité dans la vie, malgré des relations pas toujours faciles dans la famille. J’ai aimé la fête du nouvel an, sans prétention, à la bonne franquette, et les personnages sympathiques, les relations qui se nouent, les solitudes qui se défont aussi. Le tout se passe dans la joie et la bonne humeur, même si les démons du passé sont toujours présent. La vie de Rosalie aura été difficile, et rien ne pourra effacer tout ça, mais elle avance aussi petit à petit, grâce à Aude et Vincent. Camille Jourdy crée, je le répète, un univers extrêmement attachant, même si la fin n’est pas surprenante.

3 réflexions au sujet de “Rosalie Blum #3: Au hasard Balthazar!”

  1. J’aime beaucoup cette auteure que j’avais également découverte avec ce triptyque. Ses univers sont toujours poétiques et chantants, mais ils traitent parfaitement la complexité des rapports humains. « Une araignée, des tagliatelles et au lit… » est un très bon album également
    Je te rejoints également sur le fait de dire que le dénouement de « Rosalie Blum » est convenu. Cependant, contrairement à d’autres récits, cela ne m’a pas frustré.

    1. C’est vrai pour la complexité des rapports humains 🙂 . J’ai vu le titre Une araignée, de tagliatelles et au lit en fin de volume de Rosalie Blum et c’est très intriguant. J’essaierai d’y jeter un oeil! La fin convenue ne m’a pas gênée non plus, mais je l’ai signalé quand même car les deux autres ont une construction plus originale 🙂 .

      1. Oui, c’est ce qui m’avait un peu gênée en sortant du tome 3. Je m’attendais à plus de dépaysement. Ensuite, ça colle parfaitement aux personnages ce genre de conclusion. Après tout, la vie est comme ça et ils ont déjà eu leur comptant d’émotions tout au long du triptyque ^^

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