akimi yoshida, éditions étrangères, chroniques, manga

Eve No Nemuri – Yasha Next Generation

Eve No Nemuri – Yasha Next Generation (イヴの眠り ― YASHA NEXT GENERATION – littéralement « Le Sommeil d’Ève ») est un manga de Akimi Yoshida (吉田秋生). Il s’agit de la suite de Yasha (YASHA 夜叉) et l’histoire se déroule 18 ans après. Eve No Nemuri  est prépublié en 2004 dans le magazine Flowers de Shogakukan et s’étale sur 5 volumes. L’héroïne de la série n’est autre que la fille de Sei Arisue, le héros de Yasha. J’ai lu cette série par l’édition taïwanaise de Tong Li Comics, en chinois traditionnel (et en édition officielle) sous le titre 沈睡的夏娃. Ce post contient des spoilers, notamment sur Yasha, puisque cette série se déroule après. Images à venir si je n’ai pas la flemme de prendre des photos.

eveNoNemuri_vol3_jp

L’intrigue (spoilers sur Yasha):

Après la fin de Yasha, Ken Kurosaki est parti vivre à Hawaï avec sa femme Lu Mei et ses deux enfants. Si Shinji, le cadet, est bien leur fils, il n’en est pas de même pour Alicia, qui est en réalité la fille de Lu Mei et Sei Arisue qui dirige maintenant le groupe pharmaceutique Alpha sous l’identité de Rin Amamiya. Celle-ci a d’ailleurs hérité du patrimoine génétique de son père: elle possède une ouïe hors du commun et peut reproduire n’importe quel mouvement après l’avoir vu une seule fois, et de la beauté de sa mère.

La petite vie tranquille de la famille est chamboulée lorsque Rie et son père Sing Soo Ling viennent contacter Ken sur l’île: Alicia est en danger pour son patrimoine génétique, surtout que le clone de Sei (identique à celui de ses 18 ans, donc celui de la série précédente) se rend sur l’île et recherche la jeune fille. Sei, victime d’un assaut de ce clone surnommé Su Gui (démon de la mort), est entre la vie et la mort. Alicia décide de suivre Sing Soo Ling et Rie à Okinawa pour en savoir plus sur son vrai père. Sing Soo Ling, lui, a plutôt un autre plan en tête: se servir des capacités hors du commun de Alicia pour arrêter Su Gui, qui, au contraire de Rin et Sei, est un être cruel et sanguinaire.

En fait, on apprend que Su Gui a été créé par une certaine Clarisse Schreiber, ancienne supérieure de Sei lorsqu’il était à Neo Genesis (vol 1 de Yasha, elle couchait même avec le jeune homme!). D’ailleurs, elle l’a même nommé Sei, ce que le clone déteste et préfère le surnom de Su Gui donné par les membres de la mafia chinoise des Scorpions Rouges. Celle-ci s’est alliée avec un certain Nicholson afin d’éliminer Sing Soo Ling qui voudrait développer la zone Asie sans l’aide des Etats-Unis. En contrepartie, Clarisse Schreiber retrouvera son titre de Professeur, elle qui a été bannie de la communauté scientifique (et de Neo Genesis) après avoir été démasquée de plagier le mémoire de feu Alfred Ryan par Sei. Clarisse Schreiber, comme Kyôichirô Amamiya avant lui, voudrait créer un « nouveau genre humain » et convoite donc les ovules de Alicia pour les faire féconder par le clone de Sei.

Avis (spoilers):

Voici donc la suite de l’excellent Yasha et la série y ressemble donc pas mal. L’action est comme dans la série précédente très présente, la narration fluide, les personnages nombreux, mais le tout ne dure que 5 volumes et on comprend vite pourquoi. Bien que la lecture soit particulièrement agréable grâce au talent de Akimi Yoshida, il faut admettre que Eve No Nemuri se révèle moins passionnant que son aîné. En effet, l’antagoniste principal, Su Gui, est véritablement méchant, une bête sanguinaire capable des pires cruautés, incontrôlable et faisant comme il lui plaît. Au contraire, Rin Amamiya dans Yasha était bien plus complexe, avec des sentiments plus profonds, complètement manipulé et très touchant au final. De plus, Su Gui parvient à user de son charme avec tout le monde, que ce soit notre héroïne Alicia, ou même la femme de Tetsuo Sorimachi qui est… infirmière.

Mais surtout, Eve No Nemuri ne se démarque jamais de la série mère. Les personnages sont tous présents, on sent une pointe de fan service du type « voilà ce qu’on est tous devenus », d’ailleurs, tout le monde est presque beau, riche (sauf Tetsuo Sorimachi mais il n’a jamais été bien malin) et heureux: Sing Soo Ling arbore son jet privé (quel flambeur celui-là! Un vrai Chinois?), Toichi Nagae est devenu un grand médecin, Sei Arisue est à la tête d’un grand groupe pharmaceutique. On retrouve tout le monde, quelques années en plus: Jack Mayer, Tadashi Mikami, Kuang Shien, Takahiko Arisue (l’oncle de Sei) et avec de charmants bambins (Toichi Nagae). On ne voit pas John Cali, mais on en parle très vite au début, et je ne comprends pas vraiment pourquoi puisqu’il a l’air de s’en être sorti légèrement blessé. Ken Kurosaki est quand même surprenant, il est devenu un véritable ours, et on revoit même Tetsuya Imai, l’ancien collègue de Sei, qui jouera un rôle important dans cette série.

La nouvelle génération, finalement, fait pâle figure, alors que c’est elle qui est concernée par les évènements. Alicia est une jeune femme ayant du caractère et physiquement forte de surcroît, comme on nous le montre au volume 1. D’ailleurs, elle n’hésite pas à se salir les mains lorsqu’elle veut des informations, allant même jusqu’à tuer lorsqu’il est nécessaire. Seulement, celle-ci est beaucoup trop parrainée par Sei Arisue, alors dans le coma mais capable, comme Rin et lui à l’époque, de se mettre en résonance avec elle et de prendre le contrôle de son corps. On ne voit jamais Sei, dans le coma, mais on sent qu’il est le véritable héros de cette histoire, faisant de l’ombre à sa propre fille. D’ailleurs, celle-ci tombe amoureuse de son père en voyant les vidéos de lui à 18 ans, et ne peut donc rien faire face à Su Gui qui possède le même visage. Côté nouvelle génération, on a Shinji, le fils Kurosaki qui ressemble physiquement à son père mais ne sert pas à grand chose dans l’histoire, ainsi que Rie, le fils de Sing Soo Ling qui n’a pas la même aura que son père, et qui est éperdument amoureux de Alicia. Cette nouvelle génération est donc assez peu travaillée au final, et ne touche pas beaucoup le lecteur.

Sei reste donc le personnage central de cette histoire, et les anciens personnages de Yasha ont finalement plus d’aura que les nouveaux héros. Malgré tout, la lecture de cette suite m’aura passionnée par ses dessins toujours simples (mais moins austères que par le passé), ses planches, sa narration fluide, l’action omniprésente et bien foutue, l’intrigue, les révélations, les personnages, leurs devenirs et surtout, une fin très belle mais en même temps incroyablement triste, surtout lorsqu’on a lu la première série. Car en effet, après tout ça, après tous ces combats, il y a quand même des morts, et surtout cette mort-là. Cette fin rattrape pour moi tout le côté non exploité de l’héroïne, Alicia.

Le premier volume de la série constitue avant tout une introduction, et les évènements s’enchaînent donc rapidement par la suite. On voit Alicia qu’on nous présente comme une jeune femme pleine d’énergie ayant du succès avec la gente masculine (mais qu’il ne faut surtout pas emmerder!), ainsi que toute la petite famille sur Hawaï, jusqu’à la rencontre avec Su Gui. La suite, elle, est constituée de deux chapitres n’ayant rien à voir avec Eve No Nemuri. La première histoire courte se déroule juste à la fin de Yasha et se penche sur le devenir du journal intime de Jonathan Smith pour lequel aucune réponse n’a été fournie à la fin de la série. La deuxième histoire, elle, raconte comment Ken Kurosaki a rencontré Lu Mei lorsqu’il était encore chez les Bérets verts, avant de devenir le garde du corps personnel de Sei Arisue sous le docteur Alfred Ryan.

En bref, cette séquelle n’est pas un indispensable de Akimi Yoshida, bien qu’elle se révèle très accrocheuse, grâce au talent immense de la mangaka. En effet, les personnages n’ont pas autant de profondeur que dans Yasha, et l’antagoniste Su Gui, surtout n’en a aucune, il est juste méchant. Ceci dit, moment fan service, cela permet de voir ce que chacun est devenu 18 ans plus tard et puis la fin est très belle, très triste, comme Yoshida sait les faire. En même temps, j’ai envie de dire qu’il ne vaut mieux pas lire cette fin si triste, et garder celle de Yasha si on apprécie certains personnages. Côté traduction, je trouve dommage que le terme d’oncle soit plusieurs fois erroné en chinois. En fait, il existe plusieurs mots pour définir l’oncle, selon qu’il soit le grand ou le petit frère du père, ou si c’est un frère de la mère. Kuang Shien est plusieurs fois appelé 叔叔 (terme réservé au petit frère du père), alors qu’il est le petit frère de Lu Mei, la mère d’Alicia et Shinji. Il aurait dû être mentionné comme 舅舅, erreur réparée vers la fin de la série, mais trop tard pour la cohérence…

7 réflexions au sujet de “Eve No Nemuri – Yasha Next Generation”

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s