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Fuyumi Soryo Short Stories vol 2: Owaru Heart Janee

Owaru Heart Janee - Fuyumi Soryo Short StoriesOwaru Heart Janee (終わるHeartじゃねえ) est le deuxième volume regroupant les histoires courtes de Fuyumi Soryo. Il s’agit du recueil le plus long, qui compte environ 300 pages. Les histoires sont cette fois plus anciennes que le volume précédent (fin des années 80), Taiyou No Ijiwaru qui datait des années 2000. De plus, il s’agit ici d’histoires parues chez les éditeurs Kodansha et Shogakukan, dans des magazines shôjo. L’ouvrage contient trois histoires: Never Ending Heart, See You In Eden et Der Lebkuchenmann (« Le bonhomme pain d’épices »).

Never Ending Heart s’intéresse au chanteur vedette d’un groupe de rock nommé Rinzy, aux Etats-Unis. Beau, il déchaîne les passions et enchaîne les histoires d’amour en briseur de coeurs. Sa dernière conquête, un mannequin très en vue, se suicide suite à sa rupture avec Rinzy. Le soir-même, lorsque Rinzy sort de l’appartement de cette dernière, une surprise l’attend dans sa voiture: une SDF de 16 ans nommée JP, qu’il prend sous son aile. Ceci n’est évidemment pas au goût de sa manager, une redoutable femme d’affaires.

See You In Eden conte le quotidien de plusieurs élèves d’un lycée spécialisé en arts plastiques, et plus particulièrement une jeune fille du nom d’Oba. Celle-ci a toujours aimé dessiner (des chevaux surtout) depuis sa plus tendre enfance, et c’est en continuant ainsi qu’elle s’est inscrite dans un lycée spécialisé en arts plastiques. Ce récit est également sorti en one-shot chez Shogakukan, il est connu sur Internet sous le titre Eden De Aou. J’ignore si il a été intégré par la suite à Owaru Heart Janee au Japon, ou bien s’il s’agit d’un regroupement fait par l’éditeur Egmont Manga und Anime.

Der Lebkuchenmann est un récit se déroulant dans un lycée. L’arrivée d’une nouvelle élève, aussi belle que brillante retient l’attention de tous les élèves du lycée, en particulier les garçons. Cette élève a même été sélectionnée pour interpréter le rôle principal de la pièce de théâtre de La Belle au Bois Dormant, au grand dam de l’ancienne vedette du lycée avant son arrivée. Dans le même temps, cette élève intrigue un camarade de classe plutôt discret.

Owaru Heart Janee permet aux lecteurs de découvrir d’anciens travaux de Fuyumi Soryo, datant probablement avant la série phare Mars. Le trait est donc plus difficile d’accès que dans le précédent recueil, Taiyou No Ijiwaru, le dessin sentant beaucoup les années 80. Cela est en particulier vrai pour la première histoire, Never Ending Heart, avec les tenues vestimentaires mais encore plus le fameux groupe de rock très cliché, avec son chanteur principal super beau qui s’attache à une petite chose toute mignonne cachant évidemment, une certaine tristesse (ce ne serait pas drôle sinon). Le truc du chanteur qui héberge une espèce de chat errant rappelle un peu To-Y, manga culte des années 80 et premier grand succès de Atsushi Kamijo (vous savez, le fameux Next Stop qui n’a jamais eu de fin chez nous?). Il faut admettre qu’on a là une histoire assez cliché des anciens shôjo, avec du drame familial en plus, mais avec une touche de noirceur, Fuyumi Soryo oblige (et je trouve que sur ce terrain de familles dysfonctionnelles, elle rejoint quand même pas mal une certaine Moto Hagio), notamment la jalousie profondément ancrée d’un certain personnage. Bien que ce ne soit pas mon type de récit, je dois avouer que j’ai aimé le dessin et les planches, plutôt intéressante sur leur découpage (les yeux de Fuyumi Soryo). Mais c’est kitsch.

See You In Eden, couverture originale
See You In Eden, couverture originale du one-shot

La seconde histoire, See You In Eden est de loin la plus intéressante et la plus longue du recueil. Elle se démarque aussi beaucoup de ce que fait Soryo d’habitude. Il s’agit d’une histoire qui sent le vécu à plein nez. Oba, l’héroïne, a toujours aimé dessiner des chevaux, et il paraît que c’est aussi le cas de Fuyumi Soryo (dans l’histoire Der Regenbogenfisch de Taiyou No Ijiwaru, l’héroïne aimait aussi les créatures équestres…). Mais surtout, le déroulement des cours, les emplois du temps, la vie avec les professeurs, les options à choisir, le programme sur les différentes années, les choix pour l’avenir (université, ville, spécialisation, et même travail) sont très détaillés. Le ton y est donc particulièrement réaliste et intimiste, le lecteur partageant toutes les pensées d’Oba. La scolarité semble hardue et pleine de travail, et certains élèves sont même contraints d’abandonner. Les personnages se jaugent souvent, et se trompent parfois. La fin est également réaliste, avec les élèves prenant des chemins différents et inattendus, parfois loin des aspirations de jeunesse. On a l’impression de vivre les événements avec l’héroïne, et on partage même ses doutes et ses craintes face à l’avenir, ou encore son manque d’inspiration. Un récit très riche au rythme lent (certains diraient ennuyeux) et assez loin du style habituel de Fuyumi Soryo. Le dessin est également inhabituel, beaucoup plus esquissé au niveau du trait.

Der Lebkuchenmann se déroule dans un cadre scolaire classique du shôjo, avec sa troupe de théâtre, sa nouvelle élève aussi belle que brillante, ainsi que de la jalousie. Mais heureusement, Fuyumi Soryo nous réserve une histoire de vengeance, et c’est ce qui rend l’histoire plus intéressante. Surtout, l’héroïne a tout de l’apparence de la fille bien sous tous rapports, mais cache en vérité une personnalité plus narcissique qu’on ne peut le croire, sous une façade modeste, façade qui n’en est généralement pas une chez les héroïnes de shôjo lambda. C’est aussi ce que j’aime chez Fuyumi Soryo, ses personnages cachent tous une certaine cruauté ou franchise qui s’exprime (prendre les autres pour des cons par exemple). Ceci dit, la chute et les révélations sont un peu tirées par les cheveux quand même.

On a donc un recueil plus hétéroclite. En fait toutes les histoires, et c’était également vrai pour le recueil précédent, Taiyou No Ijiwaru ont été prépubliées dans le magazine allemand Manga Power de l’éditeur Ehapa (1996-2004). L’histoire que j’ai préférée est bien évidemment See You In Eden, qui fait office de récit principal, les deux autres histoires constituant plutôt des bonus de mon point de vue. Quoiqu’il arrive, le travail de Fuyumi Soryo est toujours intéressant à découvrir. See You In Eden et Never Ending Heart sont disponibles en scans en anglais.

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Never Ending Heart: Les traumatismes de la pauvre JP
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Never Ending Heart: Des instants très mignons entre JP et Rinzy
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Never Ending Heart: C’est aussi ça le rock des années 80! Des répètes avec des engueulades viriles tout ça…
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Never Ending Heart: Le rock des années 80, encore une fois 🙂
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Une planche de See You In Eden, avec un dessin beaucoup plus inhabituel chez Fuyumi Soryo, de mon point de vue

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