Shigurui est une série de 12 épisodes produite par le studio Madhouse. Il s’agit d’un chambara très violent et sanglant qu’il ne faut pas mettre entre toutes les mains. C’est aussi sexuellement explicite. En gros, ce n’est pas « une série de pédé ». Notons que la série est adapté d’un manga au titre éponyme traduit en France par Panini. Cela explique donc pourquoi on en est toujours au même volume depuis mars 2008… La série ne reprend finalement qu’une partie du manga, les volumes 1 au début du 7. Pour vous prévenir d’entrée de jeu, sachez que la série se termine assez abruptement: on ne saura jamais pourquoi Fujiki a perdu son bras ou pourquoi Irako boite ou encore l’issue du duel (si j’ai bien compris). La suite dans le manga, volume 7 donc. D’après les lecteurs du manga, la série a été adaptée plus que fidèlement.
Ere Kan’ei (1624-1644). Tadanaga Tokugawa, le troisième fils du shôgun est un être cruel et particulièrement sadique. Il se plaît à organiser des tournois entre samouraïs qui doivent se battre non pas avec une lame en bois comme il en est question traditionnellement, mais avec de vrais sabres. Il sera exécuté plus tard pour sa cruauté. Lors de ce tournoi, les deux finalistes sont Fujiki Gennosuke et Irako Seigen. L’un est manchot mais a développé une musculature lui permettant de manier le sabre à un bras, l’autre est aveugle et semble avoir un problème à un pied, et se maintient étrangement avec un sabre lui servant de canne. Il semble que les deux hommes se vouent une haine féroce, l’épisode 1 se termine alors sur un long flashback remontant au temps où Fujiki et Irako se rencontrent au dojo de Kogan Iwamoto alors que Irako vient défier le maître des lieux. Iwamoto Kogan tient son dojo d’une main de fer et semble plutôt cruel.
Il y a environ deux ans, Shigurui était le grand coup de coeur anime d’un ami. De mon côté, les anime de samouraï ne m’attiraient pas trop. Souvent des personnages stylés, des intrigues du type « je suis le plus fort » ou « je veux être plus fort », enfin bref, toujours le même baratin. Et côté dessins, c’est souvent adressé aux adolescents avec des personnages à la mode et tout ça. J’ai finalement bien fait de mater tout ça car au final, j’étais complètement sous le charme. Il avait raison, Shigurui est une série géniale qui prend aux tripes et je suis bien contente de m’être laissée tenter. Shigurui est une série adulte, pas parce qu’elle contient du sexe, ou de la violence, mais surtout par ses personnages et son histoire.
La série est sombre à souhait: il suffit de voir les couleurs, on a l’impression qu’on a éteint la lumière. Pour l’ambiance oppressante qui sent le renfermé, presque claustro, ça se rapproche d’un Texhnolyze. Le design des personnages est élégant, mais il faut se faire à quelques trucs du style les muscles saillants lors des combats car la série est très charnelle. Le corps est toujours un élément plus que présent, que ce soit du côté des combattants ou celui des femmes. Celles-ci n’ont pas un rôle particulièrement reluisant vu l’époque décrite, mais elles ne sont pas des archétypes: pas de cruche toujours positive, ni de bombe sexuelle trop forte au combat. La réalisation est sublime, les épisodes sont lents mais jamais ennuyeux, on laisse une belle part à la beauté des paysages ou des corps. Enfin, au niveau musical, ça se penche sur du traditionnel. L’opening évite la jpop (voix aigue qui fait mal au crâne ou musique tonitruante) pour aller vers une musique traditionnelle japonaise. De même pour toutes les scènes de la série. On a même des espèces de chants bouddhiques qui ajoutent franchement à l’ambiance claustro.
C’est une série que je trouve belle mais très violente et sanglante. Certaines scènes font mal comme le vieux Iwamoto, ou l’arrachage d’un téton (beurk… ça m’a marqué). Sinon, je suis si physionomiste que j’ai eu du mal à m’y retrouver (évidemment tout le monde a le même uniforme au sein du dojo mais faut juste savoir que Irako a un air sadique) sans parler des flashbacks. Au final, malgré sa fin, c’est un vrai coup de coeur. Quelque part, j’ai un peu pensé à Berserk en regardant Shigurui (sûrement la violence, le sexe, le côté charnel, une certaine poésie mais aussi une fin abrupte et un flashback?).
Ceci est un vieil article issu d’un blog précédent, à l’origine publié en juin 2010.